Études et Données Pénales 2000

81 - Une enquête sur les risques urbains. Étude de préfiguration

par Renée ZAUBERMAN, Philippe ROBERT, Marie-Lys POTTIER, Hugues LAGRANGE, Patrick PERETTI,

Mettre au point un modèle d’enquête urbaine sur les victimations et le sentiment d’insécurité qui soit encore susceptible de s’étendre à des risques comme la pollution ou les accidents de circulation, cet objectif supposait de construire un questionnaire et de le tester.

On a choisi d’y procéder dans une ville de 135 000 habitants où l’un d’entre nous avait déjà aidé à rassembler les données institutionnelles nécessaires à l’établissement d’un diagnostic de sécurité. On détenait ainsi des termes de comparaison pour les résultats d’enquête.

En route, la municipalité s’intéressait assez à l’expérience pour prendre en charge un surcoût que nos ressources limitées ne nous permettaient pas d’assumer.

Pour les décideurs locaux, disposer d’une telle enquête permet d’échapper au monopole des seules données institutionnelles et de disposer d’informations sur la diversité des attentes locales. Son principal intérêt ne consiste pas à doublonner les données officielles, par exemple les statistiques de police ; ses résultats permettent de passer du simple comptage de délits à la découverte des populations concernées ; ils permettent aussi de tenir compte de la manière, souvent très variable, dont ces risques ont été vécus.

Ici, un clivage massif sépare des victimations liées au mode de vie de la victime (ainsi qui mène une vie nocturne risque davantage d’être volé, voire même agressé) et d’autres liées au cadre de vie. les premières perturbent peu - à la limite, on peut diminuer le risque en modifiant un peu son style de vie - ; les secondes beaucoup plus - pour y échapper, il faudrait changer de cadre de vie, par exemple quitter le quartier où l’on habite, et c’est justement ce que ces victimes ne peuvent pas.

La confrontation des résultats d’enquête avec les données institutionnelles (provenant de la police, de l’école, des agences de l’emploi, des organismes logeurs...) permet de préciser les cumuls de déficits qui affectent les quartiers de relégation et qui débordent parfois sur leur environnement. L’enquête informe aussi sur d’autres risques urbains - circulation, pollution - et leurs représentations  : on découvre avec intérêt qu’elles ne sont pas toujours indépendantes de l’insécurité ou de la réputation du quartier.

Le financement de cette recherche a été permis par une coopération entre le CNRS et la fondation MAIF dans le cadre d’un programme interdisciplinaire de recherche sur la ville.

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Etude et donnée penal, N°81